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Rémi VOCHE (FR) 


L'homme moderne (2017)


Rémi Voche, performeur-photographe, reste avant tout un coureur de fond. Sa physiologie artistique tient toute entière dans un rythme, un une-deux, maintenu plus longtemps que la moyenne et, selon ses proches, presque indéfiniment. Au principe de ce mouvement perpétuel, s’exerce une règle simple : tout ce qui l’entoure, le traverse et l’électrise. Il réagit aux images du monde comme un panneau voltaïque ou une cellule de chlorophylle. On pourrait bien citer, sans être exhaustif, quelques noms préférentiels logés à l’entrée de son système : Albert Dupontel et Arthur Cravan, cowboys et indiens, Jean Rouch et Michael Powell, Zatopek et sorciers vaudous. Mais, à la sortie, c’est-à-dire durant les performances, les strates référentielles sont trop bizarrement confondues pour qu’on puisse encore les déplier avec certitude.
(…)
Rien ne serait plus absurde que d’essayer de le faire rentrer dans une « histoire de la performance », et plus encore dans l’actualité de son supposé « retour », tant ce qu’il produit, chez le spectateur, est d’abord l’éclatement de l’idée de chronologie. Rémi Voche ne vient pas après Chris Burden ou Marina Abramovic. Il ne re-enacte rien du tout. Généralement, il donne l’impression de venir avant et d’ailleurs. Cela ne veut pas dire qu’il ignore ses classiques, ou que sa pratique soit l’effet mystérieux d’une génération spontanée. Au contraire, il appartient fortement à notre époque mais dans un autre sens, tout à fait opposé. Sa façon anarchique de digérer sans cesse, et de remodeler en direct, un ensemble de références proches et lointaines, exotiques ou endogènes, est bien plutôt synchrone avec la contestation universitaire de la straight story occidentale, du schéma orienté de sa descendance.


Patrice Blouin, juin 2012

http://remivoche.com/