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Léa Mayer & Maëlle Maisonneuve (FR) - De bonnes dispositions

 
« Maëlle Maisonneuve et Léa Mayer ont constitué une collection d’objets au statut étrange qu’elles ont appelé La collection des Empathiques. De petites dimensions, à l’échelle de la main pour la plupart, ces objets réalisés avec des matériaux modestes résultent d’expérimentations diverses effectuées à quatre mains. Ces petites sculptures sont constituées de matériaux naturels récoltés lors de promenades, de petits jouets ou d’images glanés dans des magasins d’occasion et de matériaux bruts comme l’argile, le bois ou même le fer. Certaines pièces portent des traces de peinture colorée. Les objets de la collection sont simples, bricolés, fragiles et instaurent une relation intimiste avec le regardeur qui est invité à se pencher sur leur sort. Les artistes ont délaissé leurs pratiques habituelles (de dessin pour Léa Mayer et de peinture pour Maëlle Maisonneuve) pour se retrouver sur le terrain commun de la sculpture qu’elles abordent avec humilité en assumant une posture de non-maîtrise. Elles s’inscrivent ainsi dans la filiation de Robert Filiou, artiste adepte du "bien fait, mal fait, pas fait". »
Les artistes collectionneuses ont ensuite projeté sur le résultat de ces expériences d’atelier des qualificatifs utilisés ordinairement pour désigner un certain type de relations : les complémentaires, les bienveillants, les manipulés ou de personnalités : les égocentriques, les dominants. Toujours au pluriel, ces catégories ordonnent la collection et orientent la perception des différentes pièces.
Maëlle Maisonneuve et Léa Mayer ont puisé à la fois dans un vocabulaire plastique, les objets sont complémentaires comme peuvent l’être les couleurs par exemple et dans une terminologie appartenant au champ de la psychologie ou du développement personnel. Le soin extrême accordé à cette collection par les deux artistes contraste singulièrement avec la pauvreté des moyens employés. Ce qui est d’ordinaire déconsidéré car sans utilité et sans valeur marchande devient objet d’attention.
La catégorisation de ces objets traités comme de véritables personnes nous rappelle la violence qu’exerce tout classement, toute tentative de hiérarchisation des individus au sein d’une société. Cette collection, en apparence sympathique et inoffensive, révèle en creux, comme les jeux des enfants, la violence de la société dans laquelle nous vivons. »

Antoine Bricaud, La collection des Empathiques (extrait)