François Médard

FR - EN














CONNAIS-TU LE CHEMIN..., 2017


« [...] D’abord il m’a semblé que je connaissais cette musique, et plus tard en y réfléchissant, j’ai compris d’où venait ce mirage; il me semblait que cette musique était la mienne, et je la reconnais- sais comme tout homme reconnaît les choses qu’il est destiné à aimer. [...] »
Lettre de Charles Baudelaire à Richard Wagner, 17 février 1860. 


Enfant, montant deux par deux les marches qui me conduisaient à ma chambre, je tombais imman- quablement face à face avec une grande peinture d’un ciel ocre brumeux où quelques touches couleur argent dessinaient un avion. Cet avion figé dans l’huile semblait pour moi revenir chaque jour d’un long voyage. C’est bien plus tard que j’ai découvert qui était le père de cette oeuvre qui m’a accompagnée durant mes nombreux allers-retours dans les escaliers de ma maison... 

Je croiserai bien des années plus tard François Médard dans d’autres allers et retours, là dans les couloirs de l’académie royale des Beaux-Arts à Liège où j’étais étudiante, et lui professeur.
Cet homme, aux chapeaux et tenues si singulières, intriguait les étudiants mais forçait notre admira- tion par la liberté qui émanait de lui. 

Ce n’est pourtant pas là que j’allais le rencontrer. 

Portant avec lui son atelier - « Mon atelier c’est dehors » - , François Médard, appelé par la nature depuis son plus jeune âge l’a d’abord dessinée puis l’a peinte. Le ciel deviendra son modèle vivant. Traversées ou non par un avion, ses toiles rendent compte le plus fidèlement possible de la lumière qu’il perçoit de l’instant si versatile d’une aube ou d’un crépuscule, bataille de couleurs entre chien et loup, fantasme suprême pour qui a déjà tenu un pinceau entre ses mains, exercices périlleux ayant hanté tant de peintres. 

Car c’est là toute la force et la pureté de l’oeuvre de François Médard : cette modestie face à la pratique, cette humilité face à l’immensité.
Peintre nomade, il va privilégier l’aquarelle lors de ses nombreux voyages, celle-ci lui permettant de capter, de la pleine nature au bitume d’un tarmac, un moment, une vision, une trace... 

« L’aquarelle, dit-il, contrairement à la peinture, me guide et me rend spectateur du lien qu’elle noue avec le papier. »
Attendant le prochain voyage dans sa maison à la lisière du monde, François Médard accumule ça et là des dizaines de carnets de bord, de cahiers de croquis, de toiles roulées qui font aujourd’hui escale aux Brasseurs. 

C’est ici et maintenant que je le rencontre. 


Sarah Charlier